dimanche 7 mars 2010

Maserati Quattroporte 2010 : quatre portes pour le paradis !

Ferrari, Lamborghini, Maserati. Trois noms qui, plus que n'importe quels autres, m'ont fait rêver quand j'étais gamin. Je n'étais pas insensible aux Porsche, Jaguar et Aston Martin, mais les Italiennes, c'était autre chose... Les plus belles, les plus spectaculaires et, règle générale, les plus rapides : tout pour faire vibrer les passionnés d'automobiles, tous âges confondus. Mon amour pour l'Italie origine d'ailleurs, j'en suis certain, de cette fascination pour leurs voitures de sport et pour ceux qui les ont dessinés, les Bertone, Pininfarina, Giugiaro, Gandini, ces princes de la haute couture automobile.

Qu'ils soient voués à un usage purement sportif ou au grand tourisme (Gran Turismo, à l'origine de la désignation GT), ces bolides exotiques avaient plusieurs points en commun, dont une carrosserie à deux portes. Les berlines, on laissait ça aux généralistes et aux marques de luxe. Maserati fut le premier - et demeure le seul - constructeur de la Sainte-Trinité italienne à produire une voiture à quatre portes, d'où son nom : la Quattroporte. À ce jour, elle demeure d'ailleurs la seule : Ferrari et Lamborghini n'ont jamais cédé à la tentation de fabriquer une berline. Ce n'est pas faute d'y avoir songé : lors d’un voyage à Maranello, il y a 12 ans, j'avais pu voir un superbe prototype à quatre portes, signé Pininfarina, exposé à la Galleria Ferrari. Lamborghini a aussi jonglé avec l'idée ; je me souviens d'un superbe prototype, la Marzal, avec ses quatre places et ses grandes portières translucides. Une vraie voiture de l'an 2000, disions-nous ! (C'était en 1967.)

La bella machina
Dire qu'une voiture italienne est belle relève automatiquement (ou presque) du pléonasme. Si Pininfarina est étroitement associé à Ferrari et Bertone, à Lamborghini (surtout dans les années 60 et 70), Maserati a toujours varié. Marcello Gandini (alors chez Bertone), mais aussi Giugiaro et Frua ont collaboré avec la marque au trident.

Pour la cinquième génération de Quattroporte, c'est la maison Pininfarina qui fut retenue. Un constat s'impose : c'est assurément la plus belle berline de luxe à l'heure actuelle. Je sais, c'est hautement subjectif, mais il y a dans ces lignes une sensualité - si, si - que vous ne retrouverez nulle part ailleurs. Beauté, grâce, élégance et sex appeal, la Quattroporte a tout. Autre signe d’un design réussi : 5 ans après sa sortie, elle n’a rien perdu de sa beauté.

Charme… et vices italiens
Amateurs de cuir italien, vous ne serez pas déçus ! Il est omniprésent dans l'habitacle et vient rehausser une finition au demeurant superbe. Par contre, quelle déception quand on examine la qualité d'assemblage ! Dans notre véhicule d’essai, j’ai remarqué des morceaux qui pendent sous le tableau de bord et entendu des bruits émanant de la carrosserie. Tout cela est indigne d'une voiture de ce rang, mais conforme à la triste réputation des voitures italiennes. Pourtant, il y a bel et bien eu progrès : les bizarreries ergonomiques, souvent exaspérantes, n'ont plus droit de cité dans une Maserati - du moins, pas dans la Quattroporte. L'aménagement de la planche de bord est un modèle du genre : c'est à la fois simple et efficace, pas d'orgie de boutons et de voyants lumineux. Et pas d’interface multimédia pour nous empoisonner la vie, comme dans les berlines de prestige allemandes. Yesssssss !

À l'avant comme à l'arrière, la fermeté des sièges surprend, à prime abord. Attention, ferme ne veut pas dire inconfortable ; mais ceux qui aiment ça moelleux vont rechigner. La Quattroporte, ne l'oublions pas, est une limousine et ceux qui prennent place à l'arrière ont beaucoup d'espace pour la tête et les jambes. Toutefois, le coffre surprend par sa petitesse et le dossier de la banquette ne s'incline pas. C’est un moindre mal, remarquez ; on utilise rarement une Maserati pour aller chez Rona.

Art lyrique
Une voiture exotique italienne se doit d'avoir un moteur dont la sonorité donne des frissons aux amateurs de belle mécanique. Des moteurs qui chantent. Ce qui, au fond, n'a rien d'étonnant dans un pays qui a donné naissance aux Caruso, Pavarotti et autres grands ténors. La Quattroporte fait honneur à ses origines : son V8 de 4,2 litres (400 chevaux) ronronne et gronde comme aucun autre, surtout lorsqu'on passe les rapports en mode manuel à plus de 4 000 tours-minute. Quand on sait d'où vient ce fabuleux moteur, on comprend tout : Ferrari, rien de moins. Entre membres de la grande famille Fiat, on s'entraide.

Au fil des ans, deux autres versions sont venues étoffer le menu : la Quattroporte S et la Sport GTS. La cylindrée de leur V8 a été portée à 4,7 litres, ce qui se traduit par un gain de puissance de 30 et 40 chevaux, respectivement. La Sport GTS émet un son encore plus envoûtant grâce à son échappement de course.

Vocation oblige, la Quattroporte fait appel à une boîte automatique, munie d'un mode séquentiel qui permet de passer les rapports manuellement à l'aide de deux leviers placés de chaque côté du volant. Est-ce pertinent dans ce type de voiture de luxe ? Dans une Maserati, oui. Cela permet de jouir des vocalises du V8 et de ressentir les montées d'adrénaline que procurent ses accélérations dantesques. Moi qui ne raffole guère de ce type de boîte de vitesses, j'avoue avoir été conquis. Le rendement de ladite boîte y est aussi pour beaucoup : les passages sont fluides et ultra-rapides. Ce n'est plus de la mécanique, c'est de l'art.

Évidemment, freiner une berline de plus de 5 mètres de long et de près de 2 000 kilos n'est pas une mince affaire. La Quattroporte freine de façon progressive, peut-être un peu trop; rien à voir avec une berline allemande. Ce n'est pas une affaire de puissance, mais de rapidité d'exécution.

Osmose
Contrairement aux autres berlines de luxe, la Quattroporte ne se laisse pas conduire : on la conduit. La nuance est importante. Mieux, on la pilote. Aucune berline de luxe ne tient la route comme elle. On est à des années-lumière de la douceur exacerbée de Lexus ou Mercedes, et de leurs innombrables gadgets électroniques d'aides à la conduite, qui anesthésient le comportement.

La fougueuse italienne (pléonasme ?) est agressive, nerveuse et son tempérament est beaucoup plus affirmé. Dire qu'il faut dompter la bête serait néanmoins exagéré : la Quattroporte est d'abord une berline de luxe, ne l'oublions pas. Le confort n'a donc pas été négligé : douceur de roulement, insonorisation supérieure, tout y est.

Conclusion
Dans l’univers des berlines de prestige, la Quattroporte fait bande à part. Elle n’a peut-être pas l’extrême douceur de ses rivales, ni leur pléthore de gadgets électroniques, mais quel tempérament ! En matière de performances et de prestations routières, il n’y a que les versions gonflées (Mercedes AMG, BMW M, Audi S) des grosses berlines allemandes et la Porsche Panamera qui peuvent soutenir la comparaison. Mais la Maserati est encore plus exclusive, ce qui est un argument de poids dans ce créneau pour le moins élitiste.

Fiche technique
Modèle : Maserati Quattroporte 2010
Version à l’essai : Quattroporte 4.2
Prix : 141 000 $
Transport et préparation : 3 500 $
Moteur : V8 4,2 litres atmosphérique
Puissance/couple : 400 ch / 339 lb-pi
Transmission : automatique à 6 rapports
Garantie de base : 4 ans / 80 000 km
Garantie du groupe motopropulseur : 4 ans / 80 000 km
Consommation annoncée (ville/route, litres aux 100 km) : 21,9 l / 10,5 l (selon Maserati)
Consommation enregistrée (litres aux 100 km) : 15,6 l (combinée)
Véhicules concurrents : Audi A8, Aston-Martin Rapide, BMW 750i, Jaguar XJ, Mercedes-Benz Classe S, Porsche Panamera

Quattroporte Storia
La Quattroporte fut introduite pour la première fois en 1963. Dessinée par Frua, à qui l’on doit quelques-unes des plus belles Maserati, elle avait, malgré ses quatre portes, tous les attributs des voitures de la marque, à commencer par une puissante motorisation : un V8 de 4,2 litres (256 chevaux), capable de propulser cette berline à 230 km/h. La Quattroporte 1 fut produite jusqu’en 1970 puis, après une pause, fit son retour dans la gamme Maserati en 1973.

Dessinée par Marcello Gandini, la Quattroporte 2 fut un bide : non seulement arrivait-elle en pleine crise pétrolière, mais les puristes ne lui pardonnèrent pas ses emprunts à Citroën (devenu propriétaire de Maserati), notamment ses roues motrices avant… La production fut abandonnée en 1976.

La troisième du nom connut plus de succès que ses devancières. Sa carrosserie était l’œuvre d’un certain Giorgetto Giugiaro, la star de l’heure chez les carrossiers italiens. Utilisée par les dignitaires italiens, elle fut produite jusqu’en 1990. Puis, nouvel hiatus, de quatre ans cette fois ; Maserati traversait alors une période difficile, encore une fois… Une nouvelle Quattroporte apparut en 1994, mais ce n’est qu’après la reprise de la marque par le géant Fiat, en 1998, que les choses se stabiliseront à Modène. Le modèle actuel, la Quattroporte V, date de 2004.

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